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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 12:28

Comment vous raconter une telle aventure en si peu de temps, IMPOSSIBLE... Cette course est vraiment hors norme à tous les niveaux (sportif, humain, populaire et environnemental...), il faut vraiment être dedans pour savoir ce que l'on vit et ressent pendant ces quelques 60h... Je vais donc m'attacher à être le plus précis possible avec quelques photos pour que vous puissiez vous sentir au coeur de l'évènement...

 

Ceux qui ont eu l'occasion de nous suivre en direct devant l'ordinateur, sans vraiment savoir ce qui se passait sur place, c'est le moment pour vous de partager enfin ces moments...

 

Petite précision utile : de l'aveux de tous, cette 20ème Diagonale des fous a été la plus folle et la plus difficile de toutes avec des conditions climatiques extrèmes... Les GPS annoncent près de 180 kms et 11200m D+... Kilian Jornet qui a beaucoup souffert, en annonce 178...

 

Allez, je vous embarque pour près de 60h de course...

 

 


 

A l'approche du Cap Méchant vers 20h30, la circulation est très dense... Pas de pluie, température agréable (25°C), je prends mon pactage, vérifie l'ensemble une dernière fois... lorsque ma frontale clignote, c'est le signe que les piles sont mortes, coup de chance !!!!

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Passage obligatoire par le contrôle des sacs, je dois retrouver Richard et David... Richard m'attend juste après le contrôle, mais pas de David... S'installe alors l'inquiétude de ne pas le trouver parmi les 2800 partants... Nous avançons progressivement vers la ligne, croisons Benoit et ses potes (des gars d'Angers).... Puis quelques minutes après, notre David approche vers nous, c'est le soulagement... Il reste 15 min avant le départ...

 

 

La tension monte à 3 minutes du départ, puis les fous sont lachés dans la nuit noire en direction du Volcan...IMAGES IMPRESSIONNANTES ET IMMENSES SOUVENIRS !!!!

  


Etape 1 : Départ - Volcan (35km - 2600m D+) - Durée 8h21.

 

Nous y sommes et je me répète tous les conseils que David m'a donné pendant ces 10 longs mois de préparation (pas de précipitation, la course ne commence que dans mafate au KM85...). Le fait d'être là avec lui et Richard me rassure, je vais essayer de le suivre le plus longtemps possible car je sais qu'à un moment, il sera loin devant nous avec toute son expérience... Qu'importe, je l'ai prévu...

 

Le moment du départ est véritablement magique avec une foule impressionnante de chaque côté de la  route sur les 7 premiers KM... Cris et encouragements, l'émotion de vivre enfin ce départ est très, très grande, mais ce n'est que le début de la course et il faut déjà se reconcentrer...

depart.jpgJe suis parti sans mon Garmin, uniquement avec une montre qui ne donne que l'heure... Je n'ai donc pas de GPS m'indiquant le kilométrage, l'altitude, mon allure... Tout se fera au Road Book (au dos du dossard) et à l'heure... Nous avons une route définie jusqu'à Marla que nous espérons atteindre vendredi vers 19h si tout va bien... David nous a conseiller de voir cette course étape par étape, c'est à dire poste de ravito par poste de ravito...

 

Sur cette première partie goudronnée (7kms), David, Richard et moi sommes très prudents. Il ne faut pas faire comme la plupart des autres concurrents, partir comme des fusées... Nous restons sur un rythme soutenu (7-8km/h). La pluie nous rejoint au bout de 10 min, déjà !!!

 

Après 45min, virage à gauche puis c'est le début de l'ascension au milieu de la canne à sucre sur un sentier de pierres balsatiques irrégulières... Attention aux chevilles... A 23h14, c'est le 1er pointage, Chemin Ceinture... Nous enchaînons alors une descente de 2,5km sur un chemin bétonné, puis une ascension sur un chemin forestier très praticable jusqu'au Kiosque (KM20 - Alt 692m). La pluie s'intensifie et l'eau ruisselle entre les pieds !!

 

Après un ravitaillement marathon (boisson, bananes, oranges...), c'est là que débute vraiment l'ascension du Piton de la Fournaise, par un sentier très étroit, accidenté et boueux en grande partie. Ca bouchonne et se bouscule d'ailleurs pas mal, pour éviter un trop gros ralentissement... Nous sommes alors face à un premier mur, ou plutôt escalier de terre et de racines où les marches varient de 30 à 60 cm... Début de la galère... La végétation est très dense, il fait nuit noire...

 

Je suis également surpris de voir les premiers concurrents, déjà dans le rouge, assis sur la bas côté ou redescendant après avoir abandonné. Nous ne sommes qu'à 3h de course, de la folie !!!

 

La pluie est toujours intense, le froid lié à l'humidité et l'altitude gagne du terrain, je sors mon coupe vent et me protège jusqu'aux oreilles. Nous sommes à mi-chemin, l'allure est stable.

 

Au bout de quelques heures, la pluie s'arrête, nous passons au dessus des nuages et le jour se lève vers 5h, alors que nous arrivons vers le 2ème pointage, Foc Foc (KM29 - Alt 2320 m). Nous en avons fini avec cette 1ère grosse ascension. Nous avons du retard sur notre prévision, mais la météo nous a bien ralenti...

focfoc.jpgNous empruntons alors le sentier bordant l'enclos du Volcan, mastodonte que nous devinons entre 2 nuages., espoustouflant... Le vide (500m) est tout proche... L'ambiance est magique, lunaire dans cet environnement basaltique. Nous arrivons alors au ravito du Volcan (KM29) où nous retrouvons la famille qui attend déjà depuis quelques heures... Il est 6h21, le vendredi.

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Etape 2 : du Volcan à Mare à Boue (17km - 300M D+) - Durée 3h50 - Temps de course : 8h21.

 

David a pris un peu d'avance, il ne s'arrêtera que quelques minutes puis repartira sans nous... C'est plus tôt que prévu, mais Richard et moi avons besoin de reprendre nos esprits après cette grosse partie technique de 2400m D+. Richard change de chaussettes, je me ravitaille bien (soupe, sandwiches, bananes...), fais quelques étirements des lombaires qui me chatouillent toujours un peu... Puis, il faut repartir avant de nous refroidir... Le contact avec les familles a fait du bien, juste le temps de dire que tout va bien et nous nous donnons RDV à Mare à Boue, 17km plus loin.

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Nous empruntons alors la plaine des sables, désert lunaire de 1,5km de long, dans le brouillard avant de nous retrouver face à un nouveau mur, une falaise basaltique de 200m de haut qui nous menera à l'oratoire Ste Thérèse (KM39 - 2400m). L'ascension est courte mais très intense. L'eau ruisselle d'en haut, nous devons jouer les équilibristes sur chaque pierre pour ne pas avoir les pieds trop trempés...

 

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Arrivés en haut, le soleil pointe enfin son nez parmi les nuages d'altitude, la température se réchauffe un peu, néanmoins, nous frolons les 10°C... Puis c'est la descente très technique entre les roches volcaniques vers le Piton Textor (KM42 - 2165m) que j'atteints à 8h10, avec 5 min d'avance sur Richard. Nous nous posons alors au soleil pour vérifier l'état de nos pieds. Tout va pour le mieux, nous sommes en forme, pas mal aux jambes, c'est cool et nous savourons cet instant... P...., on y est !!!!


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Direction Mare à Boue (à 10km et 600m plus bas), retour des nuages et de la pluie. La descente est longue et glissante au milieu des verts paturages et barbelés... C'est limite dangereux... Les pieds sont dans la boue, ca glisse de partout... Richard, plus prudent, pointe quelques minutes derrière, je mets un peu de musique (Cold Play) pour passer le temps et me donner un rythme. La pluie est intense, il fait froid... C'est la galère totale !!!

 

Il est 10h10 (12h10 de course et 2800m D+), le poste de Mare à Boue (KM50 - 1600m) est un lieu stratégique dans la course, où l'on retrouve notre assistance et un vrai ravitaillement avant de nous engager pour la longue montée vers le Piton des Neiges (4h30)... La pluie s'est calmée et le soleil est de retour...

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Richard est 10min derrière, j'en profite donc pour bien me ravitailler (pates-poulet) et retrouver les Parents et Pedro pour changer de t-shirt Kalenji et vérifier les pieds qui commencent à souffrir avec l'humidité et la boue...

 

Etape 3 : Mare à Boue - Cilaos, 20 km - 1100m D+ - Durée 6h38 - Temps de course : 12h10.

 

Nous repartons à l'attaque du Coteau Maigre (5,2km), puis du Coteau Kerveguen (4,4km) en direction du Gite du Piton des Neiges (2.7km), point culminant de la course (2484m) après 13km d'ascension et 1100m D+...

 

Autant dire que cette montée est très, très longue et TOP GALERE. Pas un moment de répis, la pluie revient par intermittence, la boue est omniprésente... Au début, on essaie d'éviter de mettre les pieds dedans en contournant au milieu des arbres, mais on fini par y mettre les pieds, inexorablement... Ca glisse, on se tient aux branches, aux arbres... Ca grimpe sévère par moment, sur un sentier de pierres puis dans la boue... L'eau ruisselle en plein milieu du sentier, épuisant... Au sommet du Coteau Maigre, il faut descendre... Nous empruntons des échelles pleines de boue avec, de part et d'autre, un peu de végétation puis le vide... Attention aux glissades... Nous sommes dans les nuages, c'est très, très humide...

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Après une plaine très boueuse, nous débutons l'ascension du coteau Kerveguen, plus minéral avec une végétation moins dense. Ca grimpe dur, dur, toujours aussi long... C'est interminable, jusqu'à ce qu'on croit être le sommet, puis rebelotte, encore une portion à grimper... Sur notre gauche, à moins de 10m, on devine le cirque de Cilaos et une falaise de quelques 600 ou 700m... Vigilance... 

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Nous passons au dessus des nuages et le soleil revient, nous pouvons alors admirer le sommet du Piton des Neiges qui culmine à 3070m... C'est alors que nous arrivons au gite du Piton (KM64 - 2484m) à 14h44, soit après 16h44 de course... Petit ravitaillement (5 min) et on repart direction Cilaos. La descente est périlleuse, très technique, mais moins boueuse que sur l'autre versant... Je connais cette descente pour l'avoir fait avec mon frère Baptiste en 2009... Richard et moi faisons un bonne descente jusqu'au Bloc (4.5km) en 1h15... Pas mal, les jambes et les pieds tiennent bon !

 

La suite se fait tranquillement par la route sur environ 3km, puis nous arrivons au stade de Cilaos à 16h48 (KM72). Nous savons que David n'est pas très loin, environ 1h15 devant nous... Nous sommes donc très confiants sur notre allure. Je croise David à son départ du stade, il souffre des pieds et a eu recours au podologue après 2h d'attente... On s'encourage et se dit au revoir et nous donnons RDV à la Redoute...

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Le stade de Cilaos est une autre étape très importante de notre course, puisque nous retrouvons nos familles et notre 1er sac d'assistance avant de partir pour la seconde nuit et vers Mafate. Nous prenons une douche (glacée) pour nous laver et repartir avec une tenue sèche et propre... On prend aussi le nécessaire pour passer le nuit (frontale, recharger produits NRJ à boire et à manger, t-shirts, chaussettes...) puis on file manger (pates-poulets).

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Enfin, nous essayons de prévoir une séance podologue pour soigner nos pieds, mais il faut attendre près de 2h... Pas le temps... Je regarde comment ils font, puis décide de me soigner moi-même... Eosine sur toute la plante des pieds (pour assécher), compeed et strap pour protéger le tout et c'est reparti... Il est alors 18h, la nuit et un épais brouillard sont tombés. En route vers Mafate...

 

Etape 4 : Cilaos-Marla (13km - 1300m D+) - Durée : 5h57 - Tps de course : 20h.

 

En partant de Cilaos, il est 18h (20h de course), tout va bien... Pas de douleurs, les jambes et la tête vont vraiment bien et nous nous motivons mutuellement car nous savons que le plus dur est devant nous et que la mi-course n'est même pas atteinte...

 

Nous débutons la seconde nuit dehors et devant nous se présente la terrible montée du Taïbit (7km - 1300m D+ depuis Bras Rouge) synonyme d'entrée dans le Cirque de Mafate. La 1ère portion (4km) est une descente relativement roulante, mais rendue très difficile par le brouillard... On ne voit pas de 10m... Nous traversons alors une rivière, la cascade de Bras Rouge. C'est le début de l'ascension vers le Col du Taïbit... Cette portion (2.7km) est longue et très difficile avec des passages à plus de 25-30%... Le sentier est étroit mais sec, fini la boue... ça monte, ça descend sans arrêt... Comme il fait nuit noire, nous n'avons aucune idée de l'environnement et de ce qui se présente devant  et autour de nous... Nous imaginons seulement les parois et falaises qui nous entourent....Je me suis mis un concert de U2 dans les oreilles, histoire de donner le rythme...

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Vers 21h, nous arrivons enfin au ravitaillement du KM79, "Début sentier Taïbit", établi sur la route... Le plus dur est à venir... Cette première partie m'a épuisé... J'ai besoin de récupérer... On se pose 10 minutes, soupe bien chaude... L'ambiance est très sympa et chaleureuse, la musique à fond, il y a des lumières-laser sur la paroi... Les lits de camps sont tous occupés... Mais comment font-ils pour dormir dans ce vacarme, y'en a même juste devant les enceintes, délirant !!!

 

Nous repartons à l'assault du Taïbit avec plein de courage et profitons une dernière fois de cette ambiance... Je sais qu'à mi-chemin, il y a un petit ilet où nous pourrons faire une nouvelle pause... Il est temps de remettre un peu de musique dans les oreilles pour passer le temps. L'endroit est surement exceptionnel avec des parois vertigineuses au-dessus et au-dessous de nous, mais avec la nuit, nous ne voyons rien du tout...  Au contraire du volcan, le sentier est roulant et régulier, même si quelques portions sont assez pentues... Il nous faudra près de 2h pour atteindre le sommet du Col (vers 23h, après 25h de course)...

 

Comme prévu, à mi-chemin, nous pouvons faire une pause dans un endroit improbable... L'ilet des 3 Salazes est fait de cabanes en bois... Un grand rasta pieds nus et deux acolytes nous accueillent... C'est surprenant et chaleureux (comme toujours).... On nous propose la "tisane ascenseur du taïbit", à base de fleur jaune, géranium, héliotrope et canne à sucre... Un délice qui réchauffe bien l'intérieur et nous prépare idéalement pour la fin de l'ascension... Nous sommes accompagnés de 3 ou 4 personnes et ce petit groupe progresse bien dans cette grosse ascension. A un moment, je me tourne vers Richard et lui annonce fièrement que nous venons d'atteindre notre distance maximum parcourue en course (82km) : " maintenant à chaque pas que nous mettrons devant l'autre, nous battrons notre record, jusqu'à l'arrivée..."

 

Nous passons le col vers 23h sans vraiment nous en rendre compte, nous sommes pourtant à 2080m !!! Nous enchaînons sur une descente hyper technique de 50 min... Attention de ne pas glisser d'autant que la fatigue cumulée commence à se faire sentir... La descente est cassante, difficile de garder le rythme, mais je me détache quand même du petit groupe...

 

Nous sommes enfin dans Mafate, et nous atteignons le poste de Marla (KM85-1580m) un peu avant minuit, soit 26h de course. Nous avons du retard sur notre plan, mais qu'importe, nous y sommes...

 

Etape 5 : Marla-Sentier Scout (9km - 600m D+) - Durée 4h42 - Tps de course : 26h.

 

En arrivant, je suis épuisé et j'ai besoin de dormir... Mais il n'y pas de quoi dormir, pas de lit, pas de tente, rien.... une quarantaine de coureurs gisent à même le sol enroulés dans leur couverture de survie... Nous n'avons pas le choix et il est nécessaire de dormir un peu pour repartir vers le prochain poste de contrôle.  Richard mange un peu, moi je cherche un endroit assez plat et souple, dans l'herbe humide... Mes vêtements sont humides aussi, le froid commence à se faire sentir, qu'importe, chaque minute de sommeil seront les bienvenues... Je suis au bord de l'hypothermie, je tremble de froid mais arrive à m'endormir entre mes crises de tremblement... Richard me parle : "on se réveille à quelle heure ?"

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Son réveil sonne à 1h, il est temps de se lever et de se réchauffer, je suis frigorifié...  J'ai dû dormir l'équivalent de 30 min... Veritablement dans un état second,  je dis à Richard : "tu crois qu'on va y arriver ???". Il me secoue un peu et on file manger chaud (pates-poulets, soupe et un bon café) toujours enroulés dans nos couvertures de survie. Il doit faire 10°C, mais l'endroit est très humide. J'hallucine de voir autant de cocons au sol (dans leur couverture de survie), pas loin d'une soixantaine... Rapidement, je dis à Richard qu'il est temps de repartir pour nous réchauffer... j'absorbe un GEL sur-caféïné... La lucidité et la motivation reprennent leur place. Direction sentier scout par le col de Fourche. Il est 1h30 (temps de course : 27h30).

 

Cette partie est assez tranquille, heureusement, quelques petites montées et descentes, mais cela me semble assez roulant. De nuit, la forêt me semble belle, assez ouverte, avec de nombreux rondins glissants et quelques passerelles en bois pour franchir les zones marécageuses. En fait, j'ai peu de souvenirs de cette portion jusqu'au col de Fourche (KM90 - 1930m), c'est le milieu de la nuit, j'ai du dormir en suivant ceux qui me précède !!

 

Au col de Fourche, on nous met en garde sur la descente, technique et dangereuse. Nous arrivons sur une sorte d'escaliers en béton, des marches de 60cm de hauteur, dans une pente à 40% environ... Nous croisons un secouriste du PGHM, ce qui annonce des bobos dans les parages... "Celui-là, il ne reviendra pas...Si vous êtes fatigués, arrêtez tout de suite...". Nous comprenons rapidement qu'un drame vient d'avoir lieu quelques minutes avant... Il s'appelait Thierry (53 ans), venait de Marseille pour sa 3ème diagonale, il  a glissé et fait une chute de 30m...

 

Pas le temps de cogiter, je conseille à Richard de penser à autre chose et de rester très vigilant jusqu'au prochain poste... Il doit être 3h30.

 

Nous atteignons à 4h42, le poste de ravitaillement du Sentier Scout, très animé par le passage du Trail de Mascareigne, une autre course de 60km qui vient de partir de Salazie. Ils sont 1000 et nous allons partager un sentier pendant 8 kms. Nous prenons le temps de nous ravitailler, soupe, coca... On se pose les fesses sur des chaises, ça fait du bien... J'ai des petites remontées gastriques depuis quelques heures, je file donc à l'infirmerie pour prendre du gaviscon... Après 15min de pause, nous repartons à l'assault de Mafate par le sentier scout, une portion descendante de 8 kms qui va nous mener à Ilet à Bourse.

 

Etape 6 : Sentier Scout - Ilet à Bourse (8km - 900m D-/300m D+) - Durée 1h04, Tps de course : 30h42.

 

Le jour se lève sur la course et le cirque de Mafate nous offre alors ses paysages véritablement sublimes... A la faveur d'un angle bien ouvert sur le Piton cabris et la Rivière des Galets, nous pouvons apercevoir l'Océan au loin... L'arrivée est à quelques encablures à vol d'oiseaux (7 ou 8km maxi)... Néanmoins, il nous reste 70km à parcourir... Ce moment regonfle notre mental à l'approche des grandes difficultés de la journée... La fatigue a disparu, les jambes sont toujours aussi bien, mes pieds sont impeccables, tout va très, très bien, il fait de plus en plus chaud (25°C). Nous savons également que David, n'est pas bien loin devant (il semble avoir dormi au dernier ravito), 1h15 à 1h30, ce qui confirme que notre allure est bonne après 33h de course...

 

La descente est roulante puis technique, nous passons alors par un site spectaculaire : un passage en escalier à flanc de paroi suivi d'une arrête avec 400m de vide de chaque côté !!!

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La fin du sentier nous mène au lieu dit "La Plaque", intersection entre Ilet à Malheur et Ilet à Bourse. Nous prenons à gauche, descendons tranquillement vers la rivière puis empruntons une passerelle avant une belle petite montée verticale de 9 min (150mD+) avant d'arriver à Ilet à Bourse où nous attend un petit ravitaillement.

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Ilet à Bourse est atteint à 7h34... On se croirait en milieu de journée tellement il y a de lumière et de chaleur. En plus, nous avons un peu perdu nos repères temporels depuis le départ !!! Nous faisons le plein d'eau (camel back, bidon et bouteille), car le soleil tape vraiment !!!

 

Etape 7 : Ilet à Bourse - Grand Place (3km - 300m D-/100mD+) - Durée : 1h04 - Temps de course : 33h34.

 

Cette portion est très, très courte... Nous enchaînons quelques petites montées et descentes très roulantes vers Grand Place la Bas. Nous profitons du soleil et des paysages toujours aussi magnifiques.

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Le poste de ravitaillement arrive rapidement (KM105 - 560m) et l'ambiance y est comme d'habitude très chaleureuse. Nous recevons plein d'encouragements des habitants et des bénévoles...  J'ai faim, je prends donc le temps de  bien manger tout ce qui passe... Un peu de soupe, des petits sandwichs de pâté, des morceaux de fruits, arrosés de coca...  Je me pose les fesses quelques instants, moments tellement rares dans cette course de folie, car la suite du parcours est la plus difficile du parcours...

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Je demande aux secouristes le temps estimé pour atteindre le Maïdo, sortie de Mafate... Il nous faudra au moins 6h avec 15kms à réaliser et 2300m D+... Un véritable enfer annoncé très, très chaud et en plein soleil !!!

 

Etape 8 : Grand Place Le Bas - Roche Plate (10km - 1200m D+) - Durée : 3h40 - Temps de course : 34h38.

 

Il est 9h, ce samedi. Après une vingtaine de minutes de repos, nous faisons le plein d'eau avant de reprendre notre chemin... Nous débutons par la montée à Grand Place le haut (1,7km), 500m au dessus... L'environnement est de plus en plus dégagé, plus sec avec moins d'arbres, donc moins d'ombre pour nous protéger du soleil qui tape de plus en plus.

 

Il fait chaud (27-28°C environ). Nous en profitons pour envoyer un SMS à nos assistances respectives, pour leur annoncer la prévision de notre passage au Maïdo vers 15h... Nous arrivons alors au KM107, synonyme de très grosse descente quasi verticale de 2km vers la Roche Ancrée, 500m plus bas... Après, ce sera le juge de paix de cette 20ème édition de la Diagonale des Fous, une portion de 12km et 2000m D+, assurément la plus intense et la plus difficile de la course... 

 

La descente est hyper raide et technique, nous devons être extrèmement vigilant car le moindre faux pas ou déséquilibre nous propulse dans le vide... Chaque branche, pierre, marche d'escaliers est bienvenu pour assurer les arrières. Ca tire sur les quadriceps (les cuisses) et les genoux...Juste en face, on peut découvrir et admirer la suite de notre chemin... UN MUR... duquel on ne devine pas grand chose du parcours, si ce n'est qu'il sera terrible jusqu'au sommet... quelques 1500m au dessus !!!!!

 

Arrivé en bas, j'attends Richard deux ou trois minutes assis sur une banquette de la croix rouge... Nous traversons la rivière des galets sur une vingtaine de mètres en marchant sur de gros blocs de pierres dépassant de la rivière, sans mettre les pieds dans l'eau... En face, c'est le début de l'ascension, un chemin monotrace d'à peine un mètre à flanc de montagne. Une petite source nous donne l'occasion de faire le plein d'eau et de nous asperger...Plus haut, ce sera dans une petite cascade...

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Nous grimpons péniblement cette première portion difficile en lacets... Je me demande vraiment par où on va passer ensuite tellement la roche me parait inaccessible... Finalement, nous arrivons au sommet (250m D+ environ) pour basculer de l'autre côté, avec une petite descente tout aussi technique qui nous emmène sur l'autre face de la montagne. Cet endroit est plus dégagé, mais pas moins difficile... C'est le début d'une longue, très longue montée, environ 4km, jusqu'à Roche Plate...

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Le soleil tape dure sur nos têtes, la pente est très raide, nous passons dans des endroits tous plus impressionnants les uns que les autres, c'est terriblement magnifique, le sentier est très étroit et le vide est tout proche... Notre organisme commence à payer de nos efforts, l'épuisement nous guète... Dès que nous en avons la possibilité, nous nous arrêtons quelques instants pour reprendre nos esprits et notre souffle... Dès que nous le pouvons, nous buvons à grandes gorgées et nous aspergeons d'eau... Il fait très, très chaud... Et à chaque fois que nous levons les yeux, nous voyons la lignée de coureurs qui nous précède sur plusieurs dizaines de mètres... nous laissant découvrir la suite de notre calvaire... au milieu d'un environnement absolument époustouflant !!!

 

Courage Richard, nous y sommes presque... Nous nous motivons respectivement pour nous donner du courage... C'est ça la Diagonale des Fous !!!

 

A 12h19, nous arrivons enfin à Roche Plate (KM114 - Alt 1110m) après un grand détour autour du village et 2 bonnes heures de grimpette...  38h19 de course, je suis épuisé et ai besoin d'une bonne pause...Je cherche à m'allonger, il y a une école avec des lits. Je prendq le premier et m'allonge... Soulagement complet, je me couvre et me laisse partir quelques minutes... Pendant ce temps là, Richard, soigne ses pieds endoloris... En plein dans un léger courant d'air, le froid me réveille (encore une fois)... J'ai dormi 15 min, c'est pas mal, mais j'ai froid. Vite à manger (tartines de pâtés, soupe...) et au soleil... Il doit être pas loin de 13h, nous devons repartir vers le Maïdo, mais Richard a encore besoin de temps... Je vais lui chercher à manger puis nous faisons le plein d'eau...

 

Etape 9 - Grand Place - Maïdo (5,6km - 1100m D+) - durée 3h19 - Tps de course : 39h.

 

On a presque fait la moitié de cette terrible portion et dans 2h petites heures, on est là-haut... C'est ce qu'on se dit avant de repartir gonflés à bloc... La première partie est assez facile dans la forêt, jusqu'à la Brèche qui porte vraiment bien son nom... Un escalier d'1,5m de large taillé dans la roche avec 600m de vide sur notre droite, mais avec une vue imprenable sur Mafate...

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Nous y voilà, après en avoir tant parlé pendant des mois, le fameux Maïdo, par lequel nous allons sortir de ce majestueux cirque de Mafate, une terrible ascension de 3,5km et 900m D+... Je l'attaque sur une allure soutenue, Richard est plus prudent... Le ciel se couvre et les nuages nous entourent... Ce petit sentier caillouteux, est plein de piège, il y a parfois des marches de 50 à 60 cm de haut... De  la peinture sur la roche,nous indique les portions de la montée (25%, 50% et 75%), ces indications sont importantes pour le moral. Je serre les dents jusqu'en haut, sans fléchir. Nous croisons pas mal de mafatais et de randonneurs qui nous encouragent et nous donnent des indications sur notre position dans la montée (plus que 30min, puis 20min...)... 1h15 de montée et un bain de foule à la sortie... Je cherche rapidement les parents et Pedro (ils ne sont pas là) avant de me diriger (en trottinant !!) vers le prochain ravito à 1,5km... DSC02469.JPGJe pointe donc au KM121 à 15h38, soit après 41h38 de course... avec une grosse fatigue... Richard est 20min derrière car son assistance l'attend à la sortie du Maïdo. J'en profite pour faire un bon ravitaillement et trouve une chaise pour m'assoir et me changer. Un journaliste de Canal Grand Raid me demande les vidéos de la course prises avec ma GO Pro... et fait une petite interview à chaud... Il me demande si à ce stade de la course, je me considère comme un survivant ou un galérien... "Pour le moment, un galérien tant la course et les conditions sont extrêmes, je serai survivant sur la ligne d'arrivée, mon seul objectif !!! "

 

Etape 10 : Maïdo - Rivières des Galets (15km - 1500mD-) - Durée : 5h04 - Tps de course : 42h.

 

A 16h, nous reprenons notre chemin accompagnés de Pedro qui a décidé de nous suivre jusqu'au bout, s'il tient car il ne s'est pas entraîné depuis plus d'un mois... Cette présence va nous faire du bien à tous les 2 et nous permettre de passer le temps avec du sang frais.... La descente jusqu'à l'école de Sans Souci, prochain ravito, est très, très longue... Le chemin est vallonné en sous-bois sur la première partie... Montées et descentes sans arrêt, ça casse les jambes... Je me prends même la tête deux fois dans des arbres couchés en travers de notre passage...

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Un peu plu sloin, nous abordons une portion beaucoup plus roulante dans une espèce de terre battue juste avant la nuit (17h30) qui me permet de reprendre un rythme de course... C'est souple, sans obstacle, je cours (oui, oui) après 43h30 et 125 kms de course, je me sens très bien !!!! Richard est plus loin derrière, je me dis que je l'attendrai sur les prochains ravitos... Je commence à avoir mal aux pieds, des petites ampoules qui me gênent aux orteils...

 

La nuit est tombée, nous arrivons au ravito de Sans Souci, dans une école, il n'y a aucun soin... Je sens que Richard est à 20-25min (en fait à 45, bizarre)... Je demande au pointage où est David (à environ 2h). Je mange des tartines de paté, une petite crèpe et on reprend la route avec Pedro vers le prochain poste du stade de Halte Là (environ 1h15).

 

Nous traversons la Rivière des Galets (qui descend de Mafate) puis remontons en direction du stade par un petit sentier de bord... Rapidement, le stade se présente avec soulagement car je vais pouvoir passer entre les mains d'un podologue...  Il est 20h42 (46h42 de course au KM136), je retrouve les parents et Michèle qui les accompagne, Hélène et Christophe, des amis de Baptiste, sont là aussi, c'est sympa...

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Je suis dans un état de saleté avancé, je change de t-shirts Kalenji pour être au sec et vais prendre RDV pour un soin des pieds... Heureusement, il n'y a pas d'attente et je m'installe sur une table...

 

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Pendant 45min, ce jeune podologue s'occupe de mes pieds à merveille : nettoyage, perçage d'ampoules sans rien sentir, soin de la voute plantaire, strap dans tous les sens... C'est super et j'en profite pour me reposer et étudier mon road book...

 

Je dis un peu naïvement à Maman qu'il me reste 6 ou 8h de course (35km)... Elle me précise que Kilian a mis 6h à partir de ce poste... Oula, faut que je remette de l'ordre dans mes esprits, car effectivement, il y a encore de la distance et des difficultés !!!

 

Lorsque je me relève, j'ai mal partout, partout, je me suis refroidi, mais il faut reprendre la route. On oublie vite les douleurs... Je vais manger un petit Rougail-saucisses avec du Riz (pour changer). Nous sommes là depuis une heure, je presse Pedro pour repartir, nous apercevons Richard qui vient d'arriver... Il est remonté contre moi pour ne pas l'avoir attendu... Il n'a pas compris que je fasse la descente du Maïdo sans l'attendre, d'autant qu'il a fait une petite hypoglycémie... Merde... je m'excuse en lui avouant que j'avais la patate et que je le pensais seulement quelques minutes derrière...

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Bref, ça a le mérite de nous regonfler les jambes et la tête pour repartir dans cette troisième nuit noire en direction de Dos d'Ane (600m plus haut). Il est 21h50 ce samedi soir, presque 48h de course, soit 2 nuits et 2 jours de course...

 

Portion 11 : Rivière des Galets - Possession (13km - 800m D+) - Durée 4h35 - Temps de Course : 47h50.

 

C'est la portion que j'ai détesté de tout le parcours, par manque de repères (mauvaise visualisation du tracé), par fatigue et lassitude, certainement... Nous débutons par une ascension toute droite pendant 3.5km environ, puis virage à gauche et descente hyper cassante dans une ravine... Descente sur éboulis rocheux, pose des mains obligatoire pour passer les gros blocs, s’accrocher aux arbres et se laisser descendre le long des troncs pour gagner le sol en douceur, devers prononcés, échelles archaïques en bois, une section délicate... On doit se tenir au branche des arbres, aux lianes, bref à tout ce qui passe pour ne pas être emporté dans la descente, d'autant que les pierres ne tiennent pas en place, les appuis sont donc très fuyants et nos jambes sont en feux !!!!

 

Arrivés en bas, on remonte sévère... Dur, dur à ce moment de la course... En haut, nous débouchons sur une route non éclairée et nous dirigeons vers le chemin Ratineau (KM142 - Alt 629m) où nous attend un ravitaillement avec pas mal de monde, dont la famille de Richard... Il est 23h35 (49h35 de course)... Il fait très bon, les pieds vont très bien, la fatigue se fait sentir, mais déjà nous devons repartir... Nous reprenons une portion cassante similaire à la précédente, descente puis remontée d'une ravine... C'est limite de l'escalade...

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Une fois là haut, nous retrouvons un chemin tout plat (étonnant) qui nous mène au fond d'une ravine tout en nous éloignant de la Possession, où nous devons trouver le prochain ravito... Je ne visualise pas, comprend encore moins le tracé du parcours et commence à m'inquiéter de ce qui nous attends... Nous pestons en coeur, car le raz le bol commence à poindre, tout comme la fatigue... De plus en plus de concurrents sont allongés à dormir à même le sol, impressionnant...

 

Au détour d'un virage à droite, nous nous asseyons sur le côté du chemin. "Les gars, j'ai besoin de dormir 10 min", je sors donc ma couverture de survie et me laisse partir dans un sommeil profond mais très court... Au bout de 10 min, je suis réveillé par un début d'hypothermie, j'ai froid malgré une température extérieur de 25°C. Je me relève puis reprend la route aussi sec pour me réchauffer... C'est reparti...

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Les deux derniers KM avant le ravito de la Possession vont être un calvaire... Je dors en marchant, titube, vacille, me traine telle une loque humaine... mes yeux se ferment, les gars prennent 100m d'avance... Je suis au bord de l'épuisement et n'arrive pas à les suivre... De mauvaises pensées me polluent l'esprit...

 

Après avoir pointé à 2h25 au KM149 (Alt 15m), nous sommes à 52h25 de course... Je m'assieds, cogite (abandonner ou continuer), je suis épuisé, j'ai faim, j'ai froid, j'ai envie de dormir... C'est dur !!!

 

Il me faut pas moins de 25 min pour me reprendre, ai-je dormi assis sur place ?? Je ne sais plus. Il faut que je me bouge, je vais chercher à manger, je prends du coca, un gel caféïné... Je me ressaisi et me remotive... Un abandon ici est impossible, car trop près du but et trop de monde nous soutiennent et nous suivent depuis 3 jours, il est interdit de les décevoir, de nous décevoir. Allez les gars, on y va pour ces 21 derniers KM...

 

Portion 12 : Possession - La Redoute (21km - 1300m D+) - Durée 6h47 - Tps de course : 53h.

 

Il est 3h quand nous quittons la Possession, après 35min de pause... Nous longeons la route du littoral sur 800m et déjà se présente le Chemin des Anglais (sorte de voie romaine), notre prochain calvaire... 7km et 370m D+ de dalles volcaniques irrégulières qui font très mal aux pieds (n'est-ce pas les gars)... Nous nous demandons même comment ces anglais ont pu créer une telle route et surtout l'emprunter tellement les pentes sont verticales, ils sont fous ces anglais !!!

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Moment terrible, mais heureusement qu'il fait nuit, car je n'imagine pas y passer en plein jour et plein soleil...

 

Il nous faut 2h pour atteindre la Grand Chaloupe (KM 156 - 10m)... Nous pointons à 5h04, le jour se lève au Nord de l'île... Devant nous l'Océan, nous avons traversé l'île, mais il nous reste encore 14km et 900m D+... Le but est tout proche et nous ne pensons à plus rien d'autre que cette piste de la Redoute... 3 nuits et 2 jours que nous sommes partis d'en bas... De la folie, on n'en revient pas... Je ne sens plus rien, pas mal aux jambes, pas mal aux pieds, je suis dans un état second, certainement euphorique à l'idée d'en terminer dans quelques heures... c'est le pied !!!

 

Après, 20 min de pause et de ravitaillement, nous reprenons notre route avec une nouvelle portion du Chemin des Anglais (2km) tout en montée... Nous en rigolons presque... et nous admirons la vue sur l'Océan avec ce 3ème lever de soleil...

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Le final est "assez simple"... Montée jusqu'à St Bernard (KM163 - 570m), portions sur route, ultime montée sur un chemin de terre ocre digne des grands western américains vers Colorado (KM165 - 680m)... Nous devons ressembler à de véritables zombies...


Plus haut, nous croisons les gars de Flash Sport, les photographes d'Angers, Nicoch', le frère de David, nous attend plus haut... C'est génial, nous commençons à savourer ces derniers instants !!!

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Dernier ravito à Colorado, la fin est très proche... Nous prenons 15min pour manger (encore), je discute avec Robert Chicaud, le gentil organisateur de la course... C'est dingue de voir autant de simplicité dans l'organisation !!

colorado

 

Ultime descente de 5km et 600m D-, ça sent très, très bon...La médaille et le T-shirt jaune "J'ai survécu" du finisher sont à portée de mains... C'est aussi très, très difficile, très pentu, nous avons mal aux pieds et aux jambes, je crois même avoir des ongles qui se baladent dans mes chaussures... J'imaginais cette portion plus courte et plus tranquille, il n'en est rien, nous galèrerons jusqu'au bout et l'entrée du stade de la délivrance...

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Nous sommes envahis par l'émotion... nous savourons l'instant... nous oublions nos douleurs, notre fatigue, la difficulté de cette descente... nous revenons sur ces 10 mois de prépa, P..... on l'a fait !!!

 

Encore 1Km... plus que 500m, les gens nous félicitent... nous retrouvons le frère de Richard en bas, puis sa femme... nous entrons dans le stade, Pedro est là avec nous, il a vécu la fin... il a vu comment nous sommes crevés, épuisés, vidés, mais tellement contents d'être là... Je pense à ceux qui ne sont pas là pour voir et vivre ce moment inoubliable (Corinne, les enfants, vous tous...)... Nous sortons les Go Pro pour filmer ces derniers instants... C'est du délire...


ON L'A FAIT RICHARD, ON L'A FAIT !!!!


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David est là, sur la ligne à nous attendre, 5h après son arrivée... Il me semble que des larmes de joie coulent de ses yeux... Papa et maman sont là aussi... Congratulations collectives des angevins... C'est GENIAL, 59h47, 3 nuits et 2 jours à travers cette île si belle, si difficile, si magique...

 

Quel bonheur, quelle course, QUELLE COURSE... Unique, extrême, complètement folle !!!

 

Nous sommes venus à bout de la Diagonale des Fous 2012.

Merci, merci, merci à tous...

Merci Richard, Merci David...

Je suis un fou... pour la vie !!!

 

 

 

 

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commentaires

N
Un seul mot.... bravo!!! Vous avez "mangé" quelques marches à l'étang pour en arriver là alors content pour vous.<br /> <br /> A+<br /> <br /> Nico
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M
<br /> <br /> Salut Nico et merci. Je confirme que ce travail spécifique a été très, très utile...<br /> <br /> <br /> A très bientôt à l'étang bien sûr.<br /> <br /> <br /> Greg<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
E
J'ai découvert par hazard ton site en voulant suivre la diagonale des fous et qu'elle ne fut pas ma surprise en voyant qu'on ahabitait a + ou - 1km a vol d'oiseau !!<br /> <br /> Du coup j'ai suivi ta progression durant ton periple (j'ai même cru un moment que tu avais abandonné ne voyant pas ton temps au pointage intermediaire mais non :o) ).<br /> <br /> Aujourd'hui j'ai pris le temps de lire ton aventure , car je pense que c'est une tres belle aventure que tu as vécu,et je tiens à te féliciter , d'une part de l'avoir réussi et aussi d'avoir su si<br /> bien la retranscrire tant par ton récit que par les photos qui l'accompagne .<br /> <br /> Félicitations , je suis tres admiratif , mais tu es complétement FOU ;o)<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Eric , un Cornéen ;o)
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M
<br /> <br /> Salut Eric,<br /> <br /> <br /> Merci pour ton commentaire, je confirme que le monde est de plus en plus petit, surtout dans le domaine du Trail et de l'Ultra !<br /> <br /> <br /> Cette course est vraiment unique à tout point de vue, j'ai donc voulu retranscrire le plus fidèlement possible ce qu'on a vécu pendant ces 60h. Malheureusement, les sensations et les émotions que<br /> nous avons connu ne peuvent pas être expliquées aussi facilement. Ca, il faut le vivre pour comprendre...Presque 4 semaines après (déjà), nous sommes encore dans un monde parallèle, à mi-chemin<br /> entre rêve et réalité, avec une furieuse envie d'y retourner... C'est ça la Réunion et son Grand Raid !<br /> <br /> <br /> Bref, à l'occasion d'une petite sortie entre amis sur Corné, nous pourrons nous rencontrer et parler encore de cette belle aventure.<br /> Sportivement<br /> <br /> <br /> Grégoire<br /> <br /> <br /> <br />