Départ vendredi matin vers 8h en direction de Vieille Aure - St Lary Soulan avec Papa et Pedro, le gros morceau de l'été, c'est pour le lendemain à 5h. Pensez y un peu, devant vous se
dresse un paysage à plus de 2500m, de quoi vous glacer le sang lorsque vous vous dites que vous avez 80 bornes à parcourir et l'équivalent d'une ascension du Mont Blanc depuis la mer (5000m le
sommet de l'Europe culminant à 4810m) !!!
Cette épreuve, j'y pense depuis un long moment déjà car c'est la vraie montagne qui se présente et les conditions de course y sont souvent très difficiles, mais j'ai hâte d'y être... 5 cols au
programme à plus de 2500m, un plan de course fixé à 18-20h, un départ et une arrivée de nuit, bref une longue journée en perspective...
Arrivée sur place, c'est le moment de repérer les lieux. Contrôle du sac et récupération du dossard, nous continuons notre petit tour notamment sur la ligne de départ pour venir aux infos de
l'Ultra. La veille, 800 traileurs sont partis sur une boucle de 160 km et 10000m D+. Le premier, un espagnol, est attendu un peu avant notre départ (il mettra finalement 21h et 36 min.....).
L'heure du briefing arrive, j'y rencontre Xavier qui est venu vers moi lorsqu'il a vu le logo B'Sport sur ma veste. Il habite à Rablay sur Layon et porte aussi un t-shirt B'Sport. Le monde est
petit... La soirée est courte, une fois la tenue et le matériel préparés, je me couche dans le coffre du C4 et dodo jusqu'à 4h20.
Au centre en vert, Dawa SHERPA
A 5h, le départ est lancé dans la nuit noire. Du beau temps est annoncé en hauteur avec un peu de brouillard et de nuages par endroit sur les
cimes, mais pas de pluie (au contraire de l'Utra qui ont essuyé le 1er jour). Après 1km sur route, un virage à droite et c'est parti pour une montée de 12 km (1500m D+) jusqu'au Col de Portet
(2200m) à la frontale. Les jambes chauffent rapidement d'autant que certains passages sont très pentus. Chacun essaye de se placer au mieux pour ne pas être ralenti. Je pense avoir pris un bon
rythme et une bonne place dans la masse des 811 partants.
Les départs de nuit nous offre toujours ces instants de magie où les frontales sintillent et dessinent des lignes interminables dans la montagne. Génial !
Le soleil pointe à l'horizon vers 7h, le premier poste de contrôle n'est plus très loin. J'atteint le sommet du Col de Portet à 7h15, des
supporters nous encouragent dans la fraicheur, j'en profite pour me faire prendre en photo. Une petite descente d'1km pour arriver au CP1 et faire une première pause. Je suis légèrement en avance
sur mes prévisions (5 min). C'est de bonne augure pour la suite, mais je reste prudent, le plus dur est à venir.
CP1 - MERLANS - km 11.6 - 7h26, 2h26 de course
Premier pointage course pour le suivi live, histoire aussi de rassurer ceux qui me suivent devant leur ordi. Je fais mon
premier ravito : 2 bols de soupe, un morceau de banane, un peu d'eau et un gel antioxidant.
C'est reparti avec une grosse montée tout droit dans les pistes de ski où je suis le seul à faire des zig-zag dans la pente, histoire d'atenuer un peu la difficulté, bizarre mais efficace.
Direction le Col de Bastanet (2507m) à environ 6km. Nous passons à travers des paysages magnifiques entre lacs et rocailles, je suis dans un groupe qui avance à bon rythme, ca me convient.
Au loin, se dresse le col de Bastanet mais la dernière montée semble très abrupte. Un vrai pierrier nous y attend et ca grimpe vraiment dur. En haut, il fait un vent glacial. Vite, une photo et
je redescends vers le prochain pointage d'Artigues (KM30). Je suis toujours en avance sur mon plan de course.
Dans la descente, assez technique au départ, puis très roulante sur la seconde moitié, je me mets en mode relance. Je double les hésitants, en profite pour faire quelques photos et vidéos
souvenirs (quand même) car la nature est très généreuse pour les yeux... Je suis rejoins par Xavier (celui du briefing) et nous décidons de faire route ensemble jusqu'à Artigues.
CP2 - ARTIGUES - km 30 - 10h37, 5h37 de course
Pendant que Pedro est parti monter le Tourmalet en vélo, la petite commune d'Artigues se présente. Toujours avec Xavier, nous passons devant une casade où nous faisons la photo, puis nous
dévallons la pente pour arriver au CP2. Papa m'attend tout excité à l'idée de me voir si tôt. J'arrive avec 1h d'avance sur mes prévisions !!
Une bonne pause de 20min, j'en profite pour avaler dans la soupe (elle est bonne), du jambon blanc, du gruyère et du pain (bref que du salé) avec un peu de coca et de bananes pour le sucré. Je
fais le plein d'eau pour la prochaine grosse ascension vers le Pic du Midi. A 11h, je reprends la route avec Xavier en donnant RDV à Papa au Pic du Midi vers 13h30-14h.
Nous commencons par une montée infernale en sous bois le long d'une belle cascade qui débouche sur une plaine, puis à flanc de montagne nous débutons l'ascension du Pic du Midi (10KM - 1700m D+)
par le Col du Sencours. Les paysages sont magnifiques, la brume nous attend en haut, Xavier monte à son rythme à 50m derrière. Je suis frais...
Un gars que je suis et fini par doubler me dit : "je ne sais pas comment tu fais sans batons ??!!". Je lui répond simplement qu'à La Réunion,
c'est interdit et que personnellement, je me sens mieux et plus équilibré sans... Sur cette course, ils étaient au moins 98% avec des batons, c'est un peu plus facile...
La montée se durcit avec de la rocaille vers le KM37, à l'approche du Sencours. Je sens également un peu de fatigue due à la longueur de
l'ascension (2h depuis Artigues). Je me pose 2 min sur le côté, laisse passer un peu de concurrents dont Xavier qui me fait un signe pour savoir si je vais bien... Sympa ! Et je repars...
Dans la brume, je distingue enfin le Col du Sencours. Ouf, un peu de repos et de ravitaillement avant le mur du Pic du Midi. Je rejoins Xavier pour une petite soupe après m'être détendu sur les
barrières. Un médecin, est d'ailleurs venu me voir et m'appelant par mon prénom... c'est marqué sur le dossard, mais cette attention m'a fait du bien !!
Après un 1/4 d'heure de pause et de ravito (soupe, jambon, fromage, pain, coca...), c'est reparti avec Xavier pour la montée au Pic du Midi, point culminant
de la Course à 2877 m. Dès les premiers mêtres, je me sens bien tandis que Xavier a plus de mal (début de crampes). La montée se fait par un chemin sur la moitié puis par un
raidillon callouteux sur la fin. Il y a 17 virages sur 3km et 500m D+. Nous croisons tous les concurrents déjà montés au Pic : "allez les gars, courage, allez Greg..."
Sur la fin, j'accuse un peu le coup et laisse Xavier filer, plus habile avec ses batons.
CP3 - PIC DU MIDI - km 40 - 14h04, 9h04 de course
La vue est imprenable pendant la montée... A l'observatoire, malheureusement, les nuages campent et ne dégagent pas l'horizon. J'y retrouve Papa, Pedro et Xavier arrivé avec quelques minutes
d'avance en train de s'étirer. Petit coup de téléphone à maman qui suit la course en direct devant l'ordinateur : "je viens juste de voir ton temps de passage, il te prévoit un passage à
15h45 à Tournaboup" me dit-elle. Ca fait 2h d'avance sur mon plan de course, pas si mal...
J'appelle aussi Corinne qui m'avait envoyé un sms tôt ce matin. Tout va bien à la maison, super. Bon, il fait froid là haut, il faut repartir... RDV dans 1h30 à Tournaboup. On reprend le chemin
en sens inverse et à notre tour, nous encourageons les courageux dans la montée...
Un peu de bronzette
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Le Pic du Midi se dévoile derrière les nuages
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Une nouvelle halte au ravito du Sencours, pipi, soupe, fromage, jambon, coca (vous commencez à avoir l'habitude), un bain de soleil pour sécher et se reposer un peu, puis c'est reparti pour 7 km
de descente jusqu'à Tournaboup. Le chemin est facile, Xavier et moi passons la seconde et nous dévalons la pente sur un très bon rythme. Rapidement, nous arrivons à Tournaboup.
CP4 - TOURNABOUP - km 50 - 15h51, 10h51 de course
Nous prenons 25 min pour un bon gros dernier ravito avant la dernière grosse ascension de la journée (8km - 1000m D+). Pedro à prévu de repartir et finir avec nous, histoire de vivre l'événement
de l'intérieur... J'en profite pour me changer tout le haut et repartir au sec. On discute avec Jean Paul un réunionais, sympa... Il me dit que l'organisation de la diago planche sur un 200km
pour les 20 ans en 2012 !!!!
Nous repartons donc tous les 3 en direction du Col de Barège, juste un peu plus loin... La montée se fait par palliers successifs alternant, chemin, sentier, herbe, rocaille, sous bois jusqu'au
petit ravito de la cabane d'Aygues Cluses (km 63) où il restera ensuite une diffculté très raide jusqu'au Col.
Xavier est en jambes, il prend rapidement une centaine de mêtres d'avance alors que je cale par endroit... On se retrouvera bien au ravito... Pedro et moi avançons en rythme, dans un petit groupe
d'une vingtaine de coureurs. Les paysages sont toujours époustouflants et sauvages. La pente s'élève peu à peu et les jambes sont plus dures, je continue à mon rythme en prenant mon temps et
m'arrêtant régulièrement 15 sec pour reprendre mon souffle. Je fixe un repère sur Jean Paul, le réunionais qui avait raté le départ du 160km la veille. Si je suis son rythme, c'est que je suis
quand même pas si mal, c'est rassurant !
Au bout d'1h50, la cabane d'Aygues Cluses est en vue et la grosse côte jusqu'au Col de Barège aussi (3km - 300 m D+). Xavier est déjà reparti et nous ne le reverrons plus. Une pause de 10 minutes
pour recharger les batteries et nous repartons à l'assault de cette difficulté.
Dur, dur, dur, c'est vraiment difficile avec la fatigue, mais je conserve un rythme de 4km/h en rgeardant ma montre, c'est important pour ne pas accuser le coup. Je donne tout pour maintenir ce
rythme en me disant qu'une fois là-haut, ce sera beaucoup plus tranquille jusqu'à l'arrivée. Et puis, il y aura le dernier ravito.
A ce moment de la course, la présence de Pedro est très importante, car il m'attend, me parle, me motive... Il m'aide vraiment à monter malgré la difficulté de ce passage. Au bout de 45 minutes,
nous arrivons au Col dans les nuages.
CP5 - COL DE BAREGE - km 58 - 18h40, 13h40 de course
Xavier est passé depuis 20 minutes, mais il file déjà à toute allure dans la descente. Pedro et moi descendons prudement car le chemin est cabossé. La brume est là. Je récupère doucement de la
montée. Il me faudra 5-6km pour me remettre de mes émotions. Nous traversons une zone de lacs puis une sapinière. Le relief est propice à la récupération, mais nous continuons de bien avancer. Au
KM 63, nous sommes au pied de la dernière ascencion qui va nous mener au Col de Portet via le CP6 où un bon ravito nous attends.
Ca monte dure tout de suite puis ca se calme ensuite à flanc de montagne. C'est à ce moment là, que je me sens beaucoup mieux et nous nous remettons bien en marche à 7-7,5km/h pendant une
demi-heure. Nous doublons pas mal de concurrents et passons un coup de fil à Corné pour donner des nouvelles à l'approche du ravito. Nous sommes toujours en avance sur les prévisions, puisque
nous avons maintenant 2h d'avance.
CP6 - MERLANS - km 66 - 20h40, 15h40 de course
Nous nous posons les fesses sur un banc pendant 1/4 d'heure. Petite soupe bien chaud, coca, je n'ai plus très faim... Je remet un t-shirt sec pour finir au chaud (dehors il fait froid). La nuit
tombe et nous devons sortir les frontales. Des gars du 160km s'installent à côté de nous. Nous discutons un peu, je suis en admiration devant leur effort, 40h qu'ils sont partis...
Nous reprenons notre route avec une utlime grimpette (1Km - 300m D+) que nous avalons bien et dans la pénombre en 20 minutes. La haut, il nous rester une descente de 12km à travers les pistes de
ski et les chemins d'alpage. Nous décidons de faire la descente à bloc... Nuit et brouillard ne nous perturbent pas, nous cherchons les lueurs des marquages de la course et dévalons la pente avec
une concentration extrème. Nous dépassons une trentaine de concurrents moins agiles. Les cuisses chauffent, mais c'est bon... Je calcule notre heure d'arrivée théorique, vers 23h, soit un total
de 18h, cela nous motive.
Nous arrivons à l'Espiaube, départ de la station de ski de St Lary, ca sent bon l'arrivée, plus que 7km. Un long faut plat nous mène jusqu'à un sous bois très agréable. J'arrive encore à relancer
avec l'aide de Pedro juste devant. Les derniers 3km se font sur une route bitumée en lacets qui fait mal aux pieds (trop dure). Je n'arrive pas à relancer sur ce type de terrain. Tant pis nous
finirons sur un rythme de marche rapide (7hm/h). Nous apercevons le village avec les lampadères, nous entendons la musique de l'arrivée, nous sommes sur le point d'arriver...
Dernier virage, enfin du plat, des gens, des enfants nous encouragent, nous félicitent, c'est très touchant... Une dernière ligne droite, l'arrivée est dans 500m, nous nous remettons à courir
pour franchir l'arrivée. Il y a un monde fou pour nous accueillir, c'est génial. Je me sens des ailes pour finir, c'est déjà fini !!!
Il est 23h04 quand je franchi la ligne, après 18h04 de course... Le vainqueur, l'illustre Dawa SHERPA, bouclera le GRP en 9h41 min, je suis
donc seulement à 8h23 min de lui... Je suis content, je suis fier, vivement la prochaine !!!!
Merci à Xavier et Pedro, mes partenaires de course, merci à Papa pour son dévouement et sa disponibilité pour jouer à l'assistance, merci à Maman qui suivait la course depuis le Méteil et
m'informait de mes temps de passage, merci à Corinne, Sandra et Nadège de s'être occupé des enfants tout le week end. Enfin, merci à tous les supporters.
Les héros du jours avec Michel, l'assistance
La récompense tant désirée, le t-shirt de finisher